Pourquoi le Colbert est dans cette situation ?

 

 

 

Le projet pour faire venir le croiseur Colbert comme bâtiment musée à Bordeaux, a été mené par des hommes très motivés, pour la conservation de notre patrimoine maritime. Une association composée d’hommes et de femmes, des officiers supérieurs en activités de la Marine Nationale et le maire de Bordeaux, le Président Jacques Chaban Delmas ont fait aboutir ce lourd projet.

Pour pouvoir exploiter le Colbert dans les meilleures conditions possibles, la Marine Nationale a obligé l’association des amis du croiseur Colbert - concessionnaire du Colbert - de faire un traité de sous-concession à une société privée qui en assurera l’exploitation.

Ce sera la SMVP, valorisation et animation du patrimoine culturel, filiale du groupe ACCORD. Ce sous-concessionnaire (SMVP) sera en activité jusqu’au 1er juillet 1998 où elle dénoncera le traité de sous-concession le 13 mai 1998 dans les conditions prévues à l’article 11-2 de la concession (résultat déficitaire pendant deux ans ?).

Pour éviter que le bâtiment musée ne ferme, l’Association des Amis du croiseur Colbert se déclare prête à continuer son exploitation.

Le principe est accepté par le chef d’état major de la Marine Nationale et la mairie de Bordeaux. Mais suite à cet accord, le Président des Amis du croiseur Colbert, le capitaine de frégate Gérard Faugère ®, crée aussitôt une S.A.R.L. dont il en prendra la direction en se nommant "gérant conservateur". Ce sera le début d’une lente descente, par son inexpérience des contacts avec le public et les collectivités territoriales, mais énormément soutenu par la Marine Nationale locale et l’état major.

Avec l’arrivée de Juppé à la mairie de Bordeaux, les premières années se sont très bien passées, mais ensuite, le gérant Gérard Faugère voulant participer à la vie politique sur la liste du maire a reçu une fin de non recevoir. Il est devenu très agressif envers Juppé et ce dernier a commencé à prendre le Colbert en grippe. A partir de 1999, l’association a demandé à la mairie qu’un parking soit attribué spécialement pour les visiteurs venant avec leur voiture mais également pour les cars qui avaient des difficultés de stationnement pendant que leurs passagers faisaient la visite du Colbert. Nous n’avons jamais était entendu et le petit parking qui a existé servait plus aux résidents des Chartrons, ce qui faisait, qu’aux heures des visites du Colbert, il était toujours plein. Ajoutons à cela les travaux liés au tramway, il était parfois impossible de rouler ou même d’accéder dans une zone proche du Colbert.

Le bouquet pour l’exploitation du Colbert s’est produit le 07 juillet 2005 où des grilles pour raison de travaux,  l’avaient complètement isolé de la voix de circulation, donc pas d’accès du public. Même le personnel du bord ne pouvait pas embarquer sans prendre des risques au milieu des ouvriers du chantier. Nous avons été obligé de faire venir un huissier de justice pour constater les faits et établir un document avec photos pour dénoncer cette méthode de la part de la CUB et de la mairie de Bordeaux. Suite à ce constat d’huissier, le maire Hugues Martin a demandé de créer un petit couloir pour accéder à bord. Bien sûr à l’entrée de ce couloir, aucun panneau pour diriger les quelques phénomènes visiteurs voulant accèdes à bord. Un fait exprès, les voies sur berge étaient également en travaux  et seul ce petit couloir permettait l’accès à bord à une période clé de la saison. Les mois de juillet et d’août sont des mois importants par le nombre de visiteurs. Il n’est pas rare de dépasser les 20000 visiteurs pour cette période. Sachant que de nombreux touristes fréquentent nos plages de l’océan, les jours où le temps est pluvieux, gris ou venteux, nombreux sont ceux qui prennent la route vers Bordeaux  pour visiter la ville et certains musées. Tous touristes normaux qui se trouvent au sec dans sa voiture avec ses enfants où de la famille, ne va pas faire  un kilomètre sous la pluie  pour faire plaisir au conservateur de n’importe quel musée. On considère que le Colbert musée perd entre 15000 et 20000 visiteurs par an à cause de ce problème de parking.

Bien entendu cette situation est bien maitrisée par la marie qui voit la situation financière se dégrader et le bâtiment agoniser par un manque d’entretien évident. Méthode très perverses car elle ne donne droit à aucune subvention de la part de la CUB pour perte importante des rentrées d’argent. Pendant ce temps, les factures pour les assurances (26000 euros/an), les droits de quai (10000 Euros/an), l’électricité, les travaux de maintenance courant et les salaires du personnel sont toujours les mêmes. Pour arriver à faire face, le personnel est à l’extrême limite pour la sécurité des visiteurs.

L’association a fait de nombreux courrier au chef d’état major de la Marine Nationale pour dénoncer les méthodes de la mairie qui ne permettent pas de mettre de l’argent dans l’entretien du Colbert. Nous n’avons jamais eu de réponse de leur part. Seule une petite commission est venue eu 2004 faire un inventaire de l’état du bâtiment à la suite d’un rapport technique effectué par l’asso et soulevant certaines carences au niveau des étanchéités de certains ponts. Une promesse de travaux, chiffrée à 50000 Euros n’ont jamais étaient effectués

Depuis juin 2006, le maire par intérim, Hugues Martin, balance à tous les médias qu’il veut que le Colbert quitte les Quai de Bordeaux car son état n’est pas en harmonie avec les projets des quais et des bâtiments XVIIIème des Chartrons. Derrière, celui qui tire les ficelles, même pendant sa période au Québec, n’est autre que Juppé.

Son retour à Bordeaux en juillet 2006 à été l’occasion de dire à tout le monde qu’il allait débarrasser  Bordeaux  de cette « verrues » qui défigurait sa ville. Au mois d’août il demandait au conseil municipal de Bordeaux de démissionner afin qu’il puisse faire des élections et retrouver sa place de maire. Cela pour dix huit mois a coûté aux contribuables bordelais la bagatelle de 0,5 million d’Euros. Pour gagner des voix supplémentaires avec l’aide des écolos et des anti-Colbert, il a réussi à faire annuler le traité de concession par madame la Ministre des Armées. Impressionnant de voir qu’étant qu’un simple citoyen, il peut agir comme si il était déjà dans le fauteuil de maire. Il faut dire également qu’en se débarrassant du Colbert, il fait partir l’ombre de deux personnes dont il n’atteindra jamais leurs chevilles dans la popularité qu’étaient le Président Jacques Chaban Delmas et le Général de Gaulle.

Le Colbert a fermé au début du mois d’octobre. Il attendra avec patience dans l’enveloppe de son  "âme positive" pour les honneurs qu’il a rendus à la France, les bourreaux qui le mèneront vers son destin final.  Avec un peu de chance, le maire de Brest pourrait lui prolonger sa vie à Brest et montrer qu’il peut être aimé ailleurs qu’à Bordeaux.

En chassant le petit peuple de la façade des quais et en gommant une grande partie de l’histoire des quais de la Garonne, Bordeaux devient une ville insipide pour celui qui espère trouver de bons petits coins sympas. En se promenant le long des berges de la Garonne on regardera défiler les eaux boueuses en se souvenant que naguère elle servait à faire remonter des milliers de bateaux qui apportaient de la vie pour le travail qu’ils donnaient à la population locale.

Par contre il est une chose que je dénonce, c’est le fait que la mairie de Bordeaux dépense des milliers d’Euros chaque année pour maintenir la base sous-marine en état pour quelques petites manifestations et un nombre limité de visiteurs ne dépassant pas 3000 par an. Il vaut mieux sauver un symbole affreux de notre défaite et de l’occupation ennemi que de sauver notre patrimoine maritime avec toutes les richesses historiques et téchnonologiques qu’il renferme.

De plus des milliers de marins, sous-officiers et officiers qui ont servi et représenté notre pays à l’étranger en prennent plein la gueule par le vocabulaire employé pour le désigner.

 

Adrien Etcheverry, Ancien de 1964  et Trésorier des Amis du Croiseur Colbert.